Baptiste Calandre « Au fond de moi j’ai toujours su que je voulais entreprendre »

Hand’trepreneur met en avant les histoires de joueuses et joueurs entrepreneurs. Au tour de Baptiste Calandre, ancien joueur professionnel, de nous raconter son aventure entrepreneuriale. Alors que nous l’avions quitté en avril dernier au détour du 2ème épisode du Café Visio Reconversion auquel il participait, force est de constater que beaucoup de choses se sont passées ces 12 derniers mois ! 

Bonjour Baptiste, on t’a quitté en avril dernier lors du Café Visio Reconversion auquel tu as participé. Tu nous y annonçais ta retraite sportive, malheureusement avortée par l’arrêt du championnat en mars, mais également un projet entrepreneurial. Avant tout, donne nous de tes nouvelles, comment vas-tu ?

Ça va merci ! Ça a été une année intense et chargée en émotions ! Nous avons énormément travaillé dans l’ombre avec Lola ma compagne, avec qui je me suis embarqué dans ce projet entrepreneurial. Ça n’a pas été simple, j’ai un peu saturé, ce n’est pas facile de travailler sur un projet sans savoir s’il allait se concrétiser, s’il allait plaire, si ça allait être cohérent.

Avant de continuer, tu peux nous en dire davantage sur ce projet entrepreneurial ?  

Bien sûr ! On est en train de lancer Le Peuplier, le village éthique et durable de demain.

Le projet prévoit la rénovation écologique d’une friche urbaine à Limoges et l’implantation au sein d’un même lieu des activités suivantes : un restaurant locavore, une épicerie vrac, un centre de yoga, une salle de sport, un espace de récupération, un parc indoor pour enfants, un espace de coworking, un potager partagé, une micro-crèche et des cabinets de santé. Que ce soit pour la rénovation, les investissements matériels, la gestion des déchets, le choix des fournisseurs, le centre Le Peuplier respectera une charte d’écoresponsabilité axé autour de l’économie circulaire. Enfin ce centre prévoit la création de 9 emplois dès son ouverture.

(Description du projet issue de la campagne de crowdfunding).

L’idée c’est de rassembler toutes ces activités au même endroit. Au départ nous souhaitions partir uniquement sur un restaurant et des cours de yoga (ndlr, Lola Moro sa compagne est prof de yoga). Et puis au final nous nous sommes rendu compte qu’un cours de yoga à 17/18h ce n’était pas facile pour les parents, car ils doivent s’occuper des enfants. Donc c’est parti de là. De plus, Lola a une grosse clientèle dans le paramédical et le médical. Nous avons donc eu l’idée de les rattacher au projet mais pareil, comment font les parents qui travaille pour aller chez l’ostéopathe ? Grâce à Peuplier tout sera prévu !

Et concernant les cabinets de santé, ils vont créer une association afin de proposer des parcours de soin et créer du lien : Un psychologue va pouvoir orienter vers l’ostéopathe etc. Cela va créer du sens pour les patients.

Génial ! Et ces derniers mois alors ? Nous rappelons que tu as ta retraite sportive en fin de saison dernière. Peux-tu nous raconter un peu ton quotidien de ces derniers mois ?

En mars dernier, malheureusement les championnats se sont arrêtés du fait de la crise du Covid-19. Mais pour nous ces deux mois de confinement et l’arrêt de la saison sportive ont accéléré notre travail : nous avons pu nous y mettre tous les jours de façon intense. Donc en mai/juin nous avions un projet ficelé prêt à être présenté aux banques.

Ensuite entre le mois de mai et d’octobre nous avions quasi quotidiennement des rendez-vous avec les comptables, les avocats, les banques.

En parallèle nous nous étions positionnés sur un lieu qui nous plaisait : nous avions fait venir l’architecte, nous nous sommes réellement projetés. Mais nous avons eu un problème d’urbanisme en juillet et malgré nos visites à la mairie, nous avons dû abandonner l’idée de ce lieu. Ce fut une réelle déception, surtout que nous pensions pouvoir déconnecter en juillet/août après tous ces mois de travail…. Ce qui n’a pas été le cas.

Cependant, je pense vraiment que rien arrive hasard et par chance nous avons pu vite retrouver un autre lieu, encore mieux adapté et mieux positionné. Nous avons recommencé les rendez-vous avec l’architecte, le financement etc.

La période d’octobre/novembre, a réellement été la période la plus dure : nous avions engagé pas mal de frais personnels, de temps évidemment, mais nous n’avions pas encore la réponse des banques. Le projet pouvait basculer d’un côté comme de l’autre. Dans cette période nous sommes partis dans ma famille à Chambéry puis en Guadeloupe pour se vider la tête. Nous n’en pouvions plus d’attendre le retour des banques.

En janvier, nous avons eu deux réponses positives de banques qui se partagent les risques. Ce n’était pas chose facile, nous empruntons un gros montant, surtout pour Limoges, nous sommes jeunes, nous n’avons pas un gros apport personnel. C’était un challenge énorme. Mais la validation par les banques nous a conforté dans ce projet.

Donc depuis janvier, le projet est reparti de plus belle !

Et là dernièrement nous avons lancé une campagne crowdfunding, c’était une condition des banques pour développer le prêt. Grâce à cette campagne, en plus du soutien financier nous avons reçu énormément de messages positifs, de messages de soutien. Je pense que du fait que la période n’est pas des plus joyeuses, ce projet apporte un peu d’espoir à tout le monde.

Est-ce que tu peux revenir vers nous sur l’éclosion de ce projet ? As-tu toujours su que tu voulais être entrepreneur ?

Comme je vous avais expliqué lors du café visio reconversion auquel j’ai participé en avril dernier, au fond de moi j’ai toujours su que je voulais entreprendre oui. Mais c’est grâce à un bilan effectué avec Nouvelle Trajectoire que je l’ai vraiment réalisé. J’ai un modèle familial où le salariat est très important, la sécurité de l’emploi, la stabilité. Mais c’était un modèle dans lequel je ne me retrouvais pas forcément.

J’ai toujours suivi des études pendant ma carrière sans pour autant savoir ce que je voulais faire plus tard, mais c’était important, j’avais besoin de voir autre chose.

A la suite du bilan avec Nouvelle Trajectoire je savais donc qu’il fallait que j’entreprenne. J’ai toujours accompagné Lola dans son autoentreprise. Et quand notre idée s’est concrétisée c’est là que nous avons chacun pris notre place.

Que t’a apporté ta carrière de sportif professionnel dans ton nouveau quotidien d’entrepreneur ? Il y a des compétences développées en tant que joueur qui te sont utiles aujourd’hui ?

C’est marrant que tu me poses cette question. Il y a peu je regardais une conférence d’Arsène Wenger, qui parlait « d’endurance de la motivation ». C’est facile d’être motivé à un instant T, mais la particularité des sportifs c’est notre endurance de la motivation : la capacité de se projeter sur une saison, s’entrainer pour tous les matchs.

Et dans l’entrepreneuriat c’est pareil. Il faut être motivé tous les jours : c’est un engagement intense mais sur une longue durée. Dans le sport, pour devenir professionnel c’est une des qualités incontournables. Lola a été danseuse professionnelle très jeune également, donc elle connait cela elle aussi.

Et c’est d’ailleurs pour ça que je ne me voyais pas faire autre chose que de l’entrepreneuriat : il y a ce stress, cette intensité, qui se rapproche du sport. Par ailleurs, ça nous a également appris à rebondir. Et suite au nombre d’échecs qu’on a subis (le lieu, les subventions), cette faculté de pouvoir très vite passer à autre chose c’est grâce au sport que nous l’avons acquise.

Quel est l’impact de la crise du Covid-19 vis-à-vis de votre projet ?

Avant d’avoir eu les 2 réponses positives des banques, nous en avons eu 4 négatives au motif de la crise et que ce n’était pas la bonne période.  Nous comptions également sur une subvention de la région, mais elle nous a été retirée car les aides ont été ciblées sur les entreprises déjà créées et sur les quartiers prioritaires.  Mais parallèlement nous avons reçu beaucoup de soutien car les gens ont compris que c’était d’autant plus dur de se lancer dans cette période.

Après nous voyons également que ce projet apporte une note d’espoir à plein de monde. Du fait de ne pas pouvoir sortir, ni aller au restaurant, boire un café, imaginer un lieu où ils vont pouvoir se détendre, aller au resto, faire du sport, ça amène beaucoup d’espoir et d’impatience. Et puis de manière locale, ça arrive au bon moment pour renforcer l’attractivité territoriale également.

Au départ, nous projetions une ouverture en avril 2021 quand nous étions sur l’ancien lieu. Maintenant c’est davantage janvier-avril 2022. Moi je suis de nature très impatiente donc c’est dur d’attendre. Mais finalement, malgré la déception de ne pas pouvoir ouvrir plus tôt, c’est peut-être un mal pour bien, car nous espérons qu’en 2022, la crise sera derrière nous.

En résumé, que peut-on faire aujourd’hui pour vous aider ?

Vous pouvez participer à la cagnotte et surtout la partager le plus possible. Qu’importe le montant, même si ce sont de petits montants : le nombre fera la force et l’idée c’est que ce projet fasse parler de lui. J’ai d’ailleurs pu compter sur le soutien d’anciens coéquipiers, de joueurs de handball, du club aussi et je les remercie énormément.

D’ailleurs, tu parles de tes anciens coéquipiers, le terrain ne te manque pas trop ?

Ce qui me plaisait c’étaient les matchs avec du public. Donc cette année non ça ne me manque pas (rires). J’avais de plus en plus de mal à trouver la motivation pour aller m’entrainer donc j’ai tourné la page au bon moment.

A la base j’étais tennisman, je suis arrivé sur le tard au handball, et j’ai toujours dit que je retournerai au tennis. Et en fait entre temps, j’ai découvert le padel. Et c’est génial, je retrouve ce que je trouvais au début au handball, ça me vide la tête, ça me fait penser à autre chose. C’est le bon compromis entre le handball et le tennis : ça se joue à 2 contre 2, donc ça fait un peu plus sport d’équipe.

Par contre ce que j’aurais adoré, c’est de voir les matchs de limoges à domicile, au Zénith, Beaublanc avec du public. C’est vraiment dommage.

Pour finir Baptiste, est-ce que tu aurais des conseils aux joueuses et joueurs qui aimeraient se lancer dans l’entrepreneuriat ?

Oui bien sûr. Il faut croire en soi et en ses capacités. Je sais que ça peut paraitre flou parce que nous faisons « que » du handball mais c’est vraiment transposable à une activité entrepreneuriale : on développe des capacités que d’autres n’ont pas forcément. Il faut en avoir conscience, c’est un atout indéniable. Il faut se lancer, ne pas avoir peur.

Mais en amont pour pouvoir profiter pendant sa carrière, je conseille de faire des études, se former, apprendre, faire des stages. Cela permet d’avoir une base un peu plus solide quand on veut lancer son projet ainsi qu’une ouverture.

Moi j’ai fait l’école de Grenoble, je l’ai fini y a 4/5 ans. Ça m’a beaucoup servi. Et cela amène aussi de la crédibilité auprès des partenaires.

Au niveau du handball, j’ai eu des sélections avec France Jeune, France Junior, et c’est sûr que tout le monde n’a eu pas la carrière de Valentin Porte, Mathieu Grébille, des mecs de ma génération. Mais si mon exemple peut donner de l’inspiration pour les autres joueurs j’en serai ravi.

Propos recueillis par Anne-Laure Michel. 

Nous souhaitons la plus grande des réussites à Lola et Baptiste. N’hésite pas à participer et partager la cagnotte : https://jadopteunprojet.com/decouvrez-les-projets/detail/peuplier#HeaderScroll

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