Après vingt ans d’une carrière jalonnée de succès, le fidèle défenseur du HBC Nantes ne pouvait pas trop s’éloigner des parquets. Encore que… Titulaire d’un Master en Management Général, un diplôme de niveau Bac+5, il est aujourd’hui ambassadeur du club, et directeur du développement et du marketing.
Il est toujours capitaine. De coeur et d’esprit. « Mon but, dit-il, c’est que le club avance encore. On veut rester là-haut, grandir, innover. On a opté pour une stratégie de diversification. On imagine des événements, on ne tient pas en place. »
Rock Feliho n’a pas changé et c’est sans doute aussi pour ce caractère, ce tempérament, que Gaël Pelletier, le président du HBC Nantes, lui a confié ces missions de développement au sein du club. Lorsqu’il a mis un terme à son immense carrière, à l’été 2021, le gaillard avait de nombreuses idées derrière la tête, mais pas forcément de plan précis, sinon celui de demeurer à proximité de ce milieu tellement familier. « Je savais que j’allais pouvoir m’impliquer d’une manière ou d’une autre, raconte-t-il, mais il n’était pas question que j’occupe une quelconque fonction juste sur mon nom, mais parce que j’en aurais acquis les compétences. »
C’était au Printemps 2020. L’oisiveté devenait pesante. Depuis longtemps, il envisageait reprendre des études, enchaîner sur un Master de Management du Sport. Lorsqu’il évoluait à Sélestat, Rock Feliho avait passé un DUT Tech de Co à l’IUT de Colmar, agrémenté d’une licence en management des organisations sportives à Lyon, lorsqu’il évoluait à Villefranche-Beaujolais. « Et puis je suis parti en Allemagne et j’ai tout arrêté.
L’occasion, alors, était peut-être belle, engageante en tout cas. « J’ai toujours su qu’un bagage était nécessaire pour enchaîner l’après-carrière, raconte-t-il, d’autant qu’à mes début, les conditions n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui. Mais le handball a pris de plus en plus de place. Je me suis toujours dit que j’allais m’y remettre, mais je n’ai jamais franchi le pas. »
Jusqu’à cette fameuse période de confinement. Rock avait 38 ans. La fin approchait. L’occasion était sans doute idéale. Il s’est rapproché de l’AJPH. Ensemble, ils ont élaboré une forme de bilan de compétences. La structure a mis des outils à sa disposition et des mots sur ses attentes et ses envies. Dont ceux qui laissaient entendre qu’il était prêt à se tourner vers domaines autres que le sport. Il s’est donc orienté vers un Exécutive Master Management Général à l’emlyon Business School. 300 heures de formation en distanciel ! « ça n’était pas facile, concède-t-il. Tu as 38 ans, trois gamins, tu joues la Ligue des Champions et cette perspective de s’y remettre quinze ans après n’a rien de réjouissant. Mais j’ai été influencé par Olivier Nyokas qui avait repris ses cours. Je me suis lancé. »
La transition est brutale. Même si l’école propose une vraie aide aux sportifs de haut niveau. Brutale parce que le rythme est différent, la gymnastique d’esprit difficile à encourager. Il faut de la rigueur. Du courage sans doute. Le diplôme, décroché l’été dernier, récompense en tout cas cet engagement.
Rock Feliho ne reste pas longtemps sans emploi. Il intègre le club. Une sorte d’ambassadeur. « Je ne m’occupe pas du tout du sportif », prévient-il d’emblée. Il mène des opérations de relations publiques, il est directeur du développement et du marketing, anime aussi une cellule commerciale. Après onze saisons comme capitaine, il est évidemment à sa place. Dans les bureaux, une seule personne revendique une ancienneté supérieure à la sienne… « Tu possèdes des qualités que d’autres n’ont peut-être pas, imagine-t-il. Encore faut-il en prendre conscience et l’AJPH m’y a aidé. Pour le reste, je sais comment ce club évolue depuis quelques années. Je sais de quoi l’on parle. Mais je me suis formé. Je suis resté au côté de Lionel Pouget pendant un an avant de prendre des responsabilités. »
Rock Feliho n’a pas peur de grand chose. Surtout pas de prendre des risques. Le jeu de handball ne lui manque pas. Ce travail sur l’image du club, les paris à relever justifient une implication totale. « Je suis heureux d’être là, assure-t-il, heureux que des structures comme l’AJPH ou la FIR t’aident aujourd’hui à t’accompagner sur le chemin. A l’époque, c’était à moi et à moi seul de me décider. Les moyens existent aujourd’hui, il ne faut surtout pas avoir peur de les solliciter. Grâce à ces structures, tu es écouté, guidé, tu te rends compte que tu es totalement en capacité d’avoir et de mener d’autres projets, c’est une ouverture d’esprit inestimable. »
Il n’a eu besoin de personne, par contre, pour renouer le lien avec le Bénin. Il est né à Cotonou, a quitté le pays à six ans. Dans le cadre du projet HAVOBA, il s’est naturellement investi avec cette volonté de développer le handball dans un cadre de partage. Avec son président, ils se sont récemment rendus dans la Capitale : « Nous étions dans une voie de transition économique, sociale et environnementale, et cette stratégie coule de source. »
Comme ce besoin de transmettre le message. Il lui arrive de plus en plus souvent de prêcher la bonne parole. Thibaud Briet est par exemple à l’écoute. D’autres jeunes tendent plus facilement une oreille. Quoi de plus normal lorsque l’exemple vient d’en haut.
Philippe Pailhoriès