Entraîneur, kinésithérapeute, agent immobilier, commercial… les reconversions des joueuses et joueurs de handball débouchent sur des professions diverses et variées. Qu’en est-il de l’artisanat ? La formation à ces métiers manuels est-elle compatible avec le sport de haut niveau ? Ces débouchés peuvent-ils intéresser les joueur(se)s ? Pour y répondre nous sommes allés à la rencontre de Maxime Arvin-Bérod, joueur professionnel à Valence et désormais électricien, ainsi que de Guillaume Garcia en poste à l’ANDSA (l’Association nationale pour le développement du sport dans l’apprentissage).
Quand on demande à Maxime les raisons pour lesquelles il a voulu se lancer dans l’artisanat, ses motivations étaient claires : “j’ai eu pleins de projets en tête… mais quand est arrivé le Covid-19, je me suis rendu compte que je voulais un travail rapidement, qui payait bien et qui ne demandait pas de longues études. On entend souvent “dans le bâtiment, il y a toujours du travail”. J’ai pu le vérifier avec quelqu’un de mon entourage qui est électricien. Il me l’a confirmé.”
Son idée de reconversion en tête, l’ailier gauche s’est alors attelé à se former pour préparer au mieux le CAP Electricien. ”J’ai d’abord cherché des formations en ligne, mais ce n’était pas la bonne solution. Quand on veut travailler dans l’artisanat, il faut pratiquer. Je me suis alors rapproché de l’UIMM (Union des Industries et Métiers de la Métallurgie) de Valence : j’ai fait 8 jours entiers avec eux. Ils forment des adultes avec des horaires flexibles. C’était un peu cher, 400€ la journée. Mais c’était génial : J’étais tout seul avec un prof et là j’ai réellement acquis les compétences pour passer le CAP. À Valence, ils se sont vraiment adaptés à mes horaires, j’ai donc pu le gérer avec mes entraînements”.
En matière de formation, Guillaume Garcia, ancien rugbyman professionnel et désormais en mission auprès de l’ANDSA pour aider à la reconversion des sportifs au sein de l’artisanat, indique : “pour les sportifs, c’est souvent compliqué de trouver des formations adaptées. Ce n’est pas simple mais de plus en plus de choses se mettent en place, les formations évoluent. Les formations dans les centres d’apprentissage tendent à se développer sous forme de modules. C’est en ce sens que l’on arrive à faire des plans de formation adaptés pour les sportif(ve)s. C’est évidemment toujours sous réserve d’étude de faisabilité en fonction du profil du joueur et son l’emploi du temps, précise-t-il tout de même.
“Quand un joueur est intéressé par l’artisanat, j’affine avec lui son projet, je regarde la faisabilité. J’étudie avec lui si c’est envisageable en cours de carrière. Si tout est ok, on se met en relation avec un directeur d’un centre de formation pour adulte, et tous ensemble on essaie de mettre en place un plan de formation adapté sur mesure. Les CFA sont de plus en plus à l’écoute : il y a une concurrence des centres de formation qui s’est mise en place et ils sont obligés de se mettre en phase avec la tendance actuelle, constate Guillaume. “Par contre selon les profils, il faut repousser le projet. C’est un parcours complexe mais avec pour la plupart de la réussite, et on est là pour les accompagner, ajoute l’ancien joueur de rugby.
Pour Maxime, une fois son CAP en poche, il n’était pas question de travailler pour une entreprise : “j’avais besoin de flexibilité, car je suis encore joueur, je ne me voyais pas chercher une entreprise pour quelques heures par ci par là. Je me suis lancé à mon compte. Pour cela j’ai bénéficié d’un accompagnement dont vous m’avez fait profiter. C’est Laurent Laynat d’Ataxen qui m’a suivi et m’a aidé à structurer mon projet, l’aspect commercial et digital de ma boîte. Ça m’a vraiment servi. Désormais j’adapte mes chantiers à mon emploi du temps : je ne peux pas trop en faire pour que ça ne se répercute pas sur le handball”, ajoute le joueur valentinois.
Après quelques mois d’expériences, Maxime ne regrette rien : “le métier correspond parfaitement à mes attentes. C’est vrai que mes attentes étaient surtout financières. Mais on ne va pas se le cacher, quand on se reconvertit c’est une donnée importante. Et puis c’est vrai : il y a du boulot ! Et je le constate pour tous les autres corps de métiers que je côtoie : plombier, plaquiste, maçon j’en croise tous les jours sur les chantiers : y a du travail, ils ont tous pris le risque de se lancer mais ça marche pour eux”.
“Entre l’artisanat et le sport professionnel, on partage les mêmes valeurs : le travail en équipe, la cohésion, la fixation d’objectifs, l’engagement. Mais il y a des freins à lever, explique Guillaume. Depuis le Covid-19, on a eu beaucoup d’intérêt de la part de joueurs de rugby. J’ai eu 40 dossiers à gérer. En ce qui concerne les tendances : beaucoup de demandes dans le bâtiment, les métiers de la bouche, quelques demandes en agriculture, paysagisme, plomberie, électricité, menuiserie bois, fromagerie, conducteur de travaux. Quand on en parle, ça suscite des vocations. Avant, beaucoup pensaient que ce n’était pas du tout envisageable et n’y pensaient même pas, raconte Guillaume Garcia.
Par ailleurs, dans certains imaginaires l’artisanat n’a pas toujours joui d’une bonne image. “Quand on est handballeur, notre entourage a une belle image de nous, on est “sportif de haut niveau”, ça fait un peu rêver. Par contre l’artisanat ce n’est pas la même chose (rires), certains ont l’image d’un sous métier, indique Maxime. Pourtant, celui qui travaille dans ce domaine, il a tout compris : les clients ont besoin de nous. On construit, on est utiles. Tu peux faire ça de manière indépendante, sans patron et ça devient une vraie fierté : tu te rends compte qu’on apporte quelque chose aux gens. D’ailleurs quand j’ai parlé de cette reconversion à mes coéquipiers, aux partenaires, tout le monde dit “c’est toi qui as raison”, se souvient l’ailier. “Aujourd’hui je peux le dire, en tant qu’artisan, on peut gagner beaucoup plus qu’en tant qu’handballeur”.
Le témoignage de Maxime Arvin Berod est également à retrouver en vidéo dans la rubrique Témoignages de www.jepenseamareconversion.fr
Si toi aussi tu es intéressé(e) par l’artisanat, contacte-nous et nous te mettrons en relation avec Guillaume Garcia de l’ANDSA. Il étudiera la faisabilité du projet et, le cas échéant, t’accompagnera dans ces démarches.
Et si tu as besoin d’un électricien dans la région de Valence, n’hésite pas à contacter Maxime ! Plus d’infos ici sur son site internet.
Photo de couverture : Issue de son site internet https://www.maximearvin-berod.fr/
Propos recueillis par Anne-Laure Michel